Nouvelle mairie de Lanne : une avance exceptionnelle controversée

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  • Alain Luquet, maire de Lanne, a justifié sa demande par la nécessité d’avoir du temps afin d’être prêt quand l’hôpital sera réalisé.
    Alain Luquet, maire de Lanne, a justifié sa demande par la nécessité d’avoir du temps afin d’être prêt quand l’hôpital sera réalisé. DDM - THIERRY JOUVE
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La participation exceptionnelle de l’agglomération Tarbes-Lourdes-Pyrénées à l’aménagement de la nouvelle mairie de Lanne, en lien avec la construction sur la commune du futur hôpital commun, a alimenté le débat du conseil communautaire ce jeudi soir.

Premier dossier à l’ordre du jour du conseil communautaire de la communauté d’agglomération Tarbes-Lourdes-Pyrénées, ce jeudi 28 mars : la commune de Lanne sollicite la CATLP pour l’octroi d’un fonds de concours exceptionnel, à hauteur de 144 000 €, afin de financer l’aménagement de sa nouvelle mairie. Le coût total du projet se monte à 1,4M€. La participation exceptionnelle de l’agglomération représente donc 10 % de l’opération. Gérard Trémège, président de la CATLP, souligne le "caractère exceptionnel" de ce fonds de concours, en raison de l’implantation sur la commune de Lanne du futur hôpital commun. En effet, afin de traiter les naissances et les décès qui auront lieu dans le nouvel hôpital, la municipalité de Lanne va devoir se doter d’un service d’état civil conséquent. La mairie actuelle ne permettait pas de le faire. La commune de Lanne a acquis un bâtiment. Elle est accompagnée par l’ADAC pour aménager cette nouvelle mairie. Le permis de construire a été déposé fin 2023. Les appels d’offres sont lancés. Les travaux devraient débuter après l’été 2024. Alain Luquet, maire de Lanne, précise que le financement de l’opération "sera étalé sur trois exercices, 2024, 2025 et 2026… Les travaux de l’hôpital doivent commencer début 2026 pour une livraison en 2029. On anticipe la réalisation de l’hôpital. Il s’agit de s’approprier le bâtiment, de préparer l’arrivée du personnel". Alain Luquet souligne que sa commune n’a, actuellement, pas de personnel permanent. "Il va nous falloir entre 4 et 5 personnes pour l’état civil".

"Coût pour les collectivités"

Sans surprise, la demande du maire de Lanne se heurte aux opposants de l’hôpital commun. Le communiste Hervé Charles, élu de Tarbes, confie avoir "un peu de mal avec ces histoires de fonds de concours exceptionnel". Il rappelle le précédent du pont Peyramale de Lourdes et s’inquiète que "chaque année n’importe quelle commune" fasse une demande similaire. Et d’ajouter : "Ce que l’on voit poindre, c’est le coût que va représenter l’hôpital pour les collectivités dans les prochains exercices budgétaires". Gérard Trémège insiste sur "le soutien exceptionnel demandé par la commune de Lanne en lien avec la présence future de l’hôpital commun sur son territoire. Si l’hôpital ne se faisait pas, la commune remboursera l’avance que nous faisons. Il s’agit là de solidarité intercommunale, mais cela ne veut pas dire que l’on dira oui à tout".

Condition suspensive

Isabelle Loubradou, maire d’Odos, se dit à son tour "pas convaincue du caractère exceptionnel de la demande. On crée encore une exception et il y a une iniquité de traitement dans les projets des communes. Ensuite, pourquoi ne pas introduire une condition suspensive si le projet d’hôpital n’aboutit pas. Notre groupe demande le report de cette délibération sinon nous voterons contre. Traditionnellement, on conditionne le versement de l’aide à la réalisation du projet, sous réserve que le permis de construire de l’hôpital soit délivré. Or, là, l’aide est attribuée d’office et le remboursement conditionné au fait que l’hôpital ne se ferait pas".

Gérard Trémège répond que "la proposition d’inclure une condition suspensive, nous l’avions faite. Mais, la maison est déjà achetée. La commune de Lanne a besoin d’un soutien immédiat".

Denis Fégné, maire d’Ibos, rappelle qu’en matière d’attribution de fonds de concours exceptionnel, "il y a des critères établis" par l’agglomération. En substance soit ledit fonds de concours y "entre dedans ou pas". Et d’ajouter : "On attribue par avance et si l’hôpital ne se fait pas, Lanne remboursera sur 4 ans. La formulation de la délibération n’est pas bonne".

Thierry Lavit, maire de Lourdes, pour sa part, apporte "son soutien au maire de Lanne. Gouverner, c’est prévoir. Il faut anticiper. Oui, on va faire cet hôpital". Érik Barrouquère-Theil, élu de Soues, demande, "si l’hôpital ne se fait pas, est-ce que la commune va aussi rembourser l’état, la région, le département ? On met la charrue avant les bœufs".

Alain Luquet précise que "l’état a investi de grosses sommes sur le projet d’hôpital. Ce n’est pas pour l’abandonner. Si on présente cette opération, c’est que l’on est sûr que l’hôpital sera réalisé. On est une petite commune. On a besoin maintenant d’un financement. Il faut que l’on ait du temps sinon on ne sera pas prêts. C’est pour cela que l’on présente ce dossier maintenant".

Gérard Trémège met au vote la proposition d’Isabelle Loubradou de retirer la délibération. Elle ne recueille que 33 voix pour. Le président propose alors de voter la délibération. Elle est adoptée par 83 voix pour, 33 voix contre et 3 abstentions. Alain Luquet a remercié les élus pour ce vote positif.

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